Jean-Claude MORATI

Médias

l'auteur à la radio

Un expert. Vraiment. Et au-delà d'être un véritable encyclopédiste de la charcuterie insulaire, Jean-Claude MORATI est aussi et surtout un homme de passion. Un homme qui aime l'histoire, notre histoire.

Avec la sortie de “Charcuterie 'Maison' d'hier... et d'aujourd'hui”, l'auteur - un ancien dentiste et un ex-universitaire - montre à l'évidence son érudition, dans ce domaine. Mais pas seulement. Mais sans aucune ostentation.

Déjà, ses anciens ouvrages -“Quelques aspects en Corse d'hier”, “Spirginate di roba nostra”- étaient d'une exigence rare.

Dans son avant lire, l'auteur résume bien l'importance du cochon, ici comme ailleurs : « Rappeler la place tenue par le cochon, depuis toujours d'avu in anticu dans la cuisine de notre civilisation occidentale, serait enfoncer une porte ouverte. Il n'est que de relire le Festin De Trimalcion dans le Satiricon de Petrone ou le De Re Coquinaria d'Avicius pour voir l'engouement des Romains pour les boudins, tétines de porcs, saucisses, sangliers... considérés comme des sommets de l'art culinaire. Et si, plus tard, au Moyen Age, sous nos latitudes, ces mêmes porcins n'ont plus été placés qu'en bas de l'échelle des viandes après gibiers, volailles, ovins, caprins et bêtes aumailles, c'est peut-être que bien des tours de main furent négligés et le cochon utilisé principalement sous forme de viande fraîche ou simplement saumurée. Ce dernier n'en constituait pas moins un des éléments de base de toute économie domestique ».

Jean-Claude MORATI l'avoue sans ambages : son dernier ouvrage est bien là pour "fixer dans le temps des gestes oubliés" ... Avant d'ajouter : « ce rituel que j'ai connu était véritablement lié à la convivialité et à l'entraide dans le village. Chaque famille avait d'ailleurs son propre cochon »...

L'auteur sait comme personne mettre en valeur ce savoir-faire ancestral. Utilisant à bon escient un riche vocabulaire associé à une documentation remarquable, il se permet d'exécuter d'une main de maître des dessins qui, en toute liberté, complètent, détaillent et précisent ce que fut la charcuterie dans l'île.

Une citation de Henri Vincenot dans "La Billebaude" ouvre le livre : « Deux faççons de conserver le cochon : le sel et l'amitié ».


J.-J.G.

A LA DECOUVERTE DE JEAN-CLAUDE MORATI

Heureux enseignant retraité, Jean-Claude MORATI, auteur passionné de langue corse, nous offre en partage sa quête intarissable des vocables, des expressions colorées de sa langue natale et ne cesse de nous surprendre, de nous étonner.

« SPIRGINATE DI ROBA NOSTRA » son dernier ouvrage, le troisième, colossal travail de recherche linguistique, balayant autant l’ethnologie que la littérature, l’histoire, la géographie, les sciences naturelles…, signe, une fois de plus, la connaissance de la Corse du verbe dont il a l’art de restituer le pittoresque. Son écriture, tout à la fois instructive, divertissante, légère, grave, se lit à divers degrés : elle nous permet d’aller vers la traduction la plus juste, la plus appropriée des proverbes, expressions ou tout simplement de nous promener, en vocabulaire très imagé, dans cette Corse de nos ancêtres, rurale surtout, et malheureusement de plus en plus oubliée. Son talent de conteur, mis au service de son travail de mémoire, nous ravit une fois encore, en nous "aspergeant" de notre patrimoine linguistique.

Le trait dominant de votre caractère ? Au pluriel : persévérance, optimisme.

Votre défaut majeur ? Si je n’en avais qu’un ! L’important est de les reconnaître. Le plus sympathique : la bonne chère !

Votre qualité ? J’espère, là aussi, pouvoir prétendre au pluriel mais peut-être n’est-ce pas à moi de le dire ! La générosité, l’enthousiasme dont j’aime faire profiter mes proches, la fidélité en amitié, la disponibilité, l’écoute de l’autre.

Quelle faute pardonneriez-vous le plus facilement ? Celle pour laquelle on affiche des regrets sincères.

Le moins facilement ? Mon côté un peu archaïque : le manquement à la parole donnée.

Votre loisir principal ? Lecture et écriture pour le "sport cérébral" ; mais avec autant de bonheur et de besoin, je me dépense physiquement et régulièrement à l’entretien de mon coin de maquis.

Votre livre de chevet ? Il change presque tous les soirs : une forme de boulimie ! Mais quelque part aussi le refus d’être "l’homme d’un seul livre" !

L’ouvrage sur la Corse le plus important de ces deux dernières décennies ? Tant pis pour la modestie ! Mais, parmi tant de courriers reçus, je citerai simplement, parce qu’elle vient justement de m’écrire, une jeune étudiante compatriote, en quête de « Quelques aspects de la vie rurale en Corse d’hier » de Marius-Jean et J.C. MORATI : « Comment puis-je me procurer ce chef-d’œuvre, ce sublime ouvrage que je cherche depuis tant d’années ? »

Vos auteurs préférés ? André Leroi-Gourhan, Dante mais aussi Frédéric Dard où je retrouve la désespérance de Louis-Ferdinand Céline….

Et les peintres ? Paul Belmondo et ses sanguines, les peintres provençaux : Diana, J. Thorel…, mais je n’oublie pas Ciambelli de Tiuccia.

Les musiques que vous aimez écouter ? Hélas ! Une de mes grandes lacunes !

Vos films de référence ? Le cinéma néo-réaliste italien et quelques films de Scorsese.

Le héros de fiction qui vous a le plus touché ? Au risque d’en choquer nombre : A.B. Bérurier pour sa truculence rabelaisienne.

Le personnage historique qui vous a le plus marqué ? Sampiero Corso.

Les figures contemporaines que vous admirez ? Mon panthéon est très éclectique et comporte souvent des gens proches et méconnus.

Votre plus grand regret ? Que les journées ne soient que de 24 heures !

Votre devise ? Prestu e bè, à meziornu à a casa !

Votre état d’esprit à propos de la créativité insulaire ? Optimiste au vu du savoir-faire de nombre d’artisans, d’auteurs en tous genres.

Votre prochain ouvrage ? Je m’amuse à y travailler.

Quelques dates clés : 1963 : mon premier saut en parachute à Calvi
1978 : mon premier cours dans le grand amphithéâtre de la Timone devant 600 étudiants de PCEM1
1988 : publication de mon premier ouvrage, co-écrit avec mon défunt père, « QUELQUES ASPECTS DE LA VIE RURALE EN CORSE D'HIER »
2006 : publication du "petit dernier" : « SPIRGINATE DI ROBA NOSTRA ».

Une encyclopédie des expressions insulaires. Plus de trois kilos et demi d'expressions corses ! C'est là le poids de l'histoire et du travail titanesque de Jean-Claude Morati qui dédicaçait récemment à la librairie Terra Nova son ouvrage « SPIRGINATE DI ROBA NOSTRA ou QUELQUES REFLETS COLORES DE LA LANGUE CORSE »

« J'ai collecté pendant des décennies des proverbes, des façons de parler que j'ai consignés ça et là. Le livre en comporte environ 5 000 » explique Jean-Claude Morati. Mais loin d'être un simple recueil, l'ouvrage va plus loin. « A partir des entrées qui renvoient à des expressions, j'en profite pour donner la signification d'autres mots et faire comprendre la richesse incroyable du vocabulaire corse ».

Sens dérivés. Par exemple, une expression qui contient le mot grillon ou tique s'ouvrira sur un catalogue des différentes espèces de grillons et de tiques, dans la langue des anciens. En déterrant ce trésor, Jean-Claude Morati a essayé d'être le plus exhaustif possible « même s'il faut bien s'arrêter ». Ainsi, les mots changent et se déclinent selon qu'ils aient pris naissance dans le nord ou le sud de l'île, toujours avec le même souci de précision. Autre cheval de bataille de l'auteur : « les sens dérivés et donnés à certaines phrases insulaires. Tout au long de l'histoire, elles ont parfois perdu leur sens premier que j'ai essayé de retrouver ».

Rigueur scientifique donc. « A laquelle j'ai voulu ajouter, par le biais d'anecdotes, une pointe d'humour ». Un humour que les heureux lecteurs de l'ouvrage retrouveront dans certaines expressions oubliées. Et très crues !

La Corse - Votre Hebdo  (semaine du 18 au 24 août 2006 - N° 366)

Page Culture consacrée à J.C. Morati pour « SPIRGINATE DI ROBA NOSTRA ou QUELQUES REFLETS COLORES DE LA LANGUE CORSE ».

Extraits (...)

Aux sources de la sensibilité populaire : UNE ENCYCLOPEDIE COLOREE ET RUSTIQUE. A travers mille cent quarante deux pages, cinq mille proverbes, expressions, adages, interjections et autres boutades, Jean-Claude Morati restitue la richesse langagière insulaire. Une idée originale.

L'esprit de l'auteur fuse, ses réflexions caracolent dans les champs de la mémoire collective et des imaginaires insulaires, dialoguent avec des images familiales, remontent le temps. Il pense. Il jubile. Il a de la verve, de l'exubérance, pas mal de virtuosité. Avec, en plus, le sens du partage, de la transmission de génération en génération. Voilà sa façon d'aborder la langue. Elle tient aussi en un volume, aux allures imposantes de dictionnaire.

Une somme de brassages, de superposition de logiques émotionnelles, langagières et de clameurs des temps anciens, unique en son genre et menée tambour battant par un chasseur d'idées à la plume ludique.

Jean-Claude Morati a un témoignage à délivrer sur un patrimoine en voie de disparition et un amour de la langue corse à exprimer.

V. Emmanuelli

Corse-matin / Nice-matin (samedi 3 décembre 1988)

Le livre à lire. Un ouvrage de référence sur la Corse d'hier grâce à Marius et Jean-Claude MORATI.

Nous avons tous de vagues souvenirs-réminiscences de notre enfance ou histoires que nous ont racontées les anciens- de ce que fut la Corse d'hier. Cette Corse essentiellement rurale où tout était rythmé par les saisons. Depuis la guerre de 14 et de plus en plus vite à partir des années 50, l'intérieur s'est dépeuplé au profit de la ville. Avec cette évolution se sont perdus les métiers d'autrefois, la vie des villages, les objets et les mots pour les désigner. Il fallait que quelqu'un s'attache à nous restituer ce passé, somme toute pas si lointain, pour que notre mémoire ne disparaisse pas totalement dans le tourbillon de la société de l'an 2000.

Pendant de longues années, M. Marius Morati, qui fut le professeur (de sciences naturelles) de plusieurs générations d'élèves de « Fesch » et son fils, M. Jean-Claude Morati, qui a suivi les traces de son père, ont accumulé les documents et les objets qui pouvaient témoigner de cette vie d'autrefois. Puis, patiemment, ils ont trié, ordonné, classé, rédigé des commentaires, illustré à la plume. Et de ce travail de bénédictin est né un énorme livre : « QUELQUES ASPECTS DE LA VIE RURALE EN CORSE D'HIER ».

Cet ouvrage, admirablement relié, agréable à feuilleter, n'est ni un roman, ni une production universitaire. C'est une sorte de livre de référence dans lequel, chapitre par chapitre, chacun peut trouver des renseignements sur une ou plusieurs parties de la vie en Corse avant l'avènement du réfrigérateur, de la télévision et de l'automobile.

Six grands chapitres sont abordés : la maison, les activités autour de la maison, les grandes cultures, les grands élevages, les métiers et les voies de communications. Sait-on encore que la largeur des sentiers muletiers qui étaient les seules « routes » était calculée en fonction du bât très large qui servait à transporter les récoltes de blé ? Qui n'a pas retrouvé, jetées dans un coin de garage ou de grenier, les vieilles lampes à huile dont on s'est servi bien après le début du siècle ? Tout avait une importance. La forme des objets utilitaires, la matière dans laquelle on les confectionnait qui étaient le secret, le tour de main de l'artisan.

Ce livre, écrit dans une langue claire et agréable, émaillé d'anecdotes, juste au plan de la recherche linguistique sur les anciens mots corses devrait entrer chez tous ceux qui aiment cette île.

I. Luccioni

Voyage dans le monde secret des braconniers de jadis.

Le titre de l'ouvrage, à lui tout seul, mériterait une longue explication, dans la mesure où il ne s'impose pas d'évidence, pour un livre consacré au braconnage.

On se rend compte, lecture faite, que les pratiques d'hier, même illicites, n'avaient rien à voir avec celles d'aujourd'hui. Plus que de braconnage, il s'agissait, en effet, d'améliorer l'ordinaire ou de se procurer un revenu complémentaire, à une époque où le congélateur n'existait pas, tout comme les moyens de prédation modernes. De la sorte, il est donc logique de parler simplement de subsistance, avec des ruraux qui savaient tirer parti des richesses de la nature, par atavisme et, le plus souvent, nécessité. La chasse, dont personne ne contestait la légitimité, était à l'époque une activité relativement noble, réservée à des nantis, voire à des « pros ». Le braconnage, lui, s'inscrivait dans une logique différente, un cheminement quasi initiatique qui commençait par une parfaite connaissance de la nature.

Jean-Claude Morati, universitaire passionné par les traditions insulaires, sous toutes leurs formes, a donc rassemblé ses souvenirs, les témoignages des anciens, pour restituer ce savoir-faire, en près de 200 pages. L'enquête est minutieuse et constitue un véritable travail d'ethnologie, sur le modèle des « QUELQUES ASPECTS DE LA VIE RURALE EN CORSE D'HIER », un monumental ouvrage associant en 1988 Jean-Claude Morati et son père Marius. La marque de fabrique est d'ailleurs présente avec des illustrations abondantes et minutieuses, servant de support à la réappropriation linguistique.

Amoureux de la nature, Jean-Claude Morati nous entraîne dans le monde secret des espèces, par le texte et le dessin. Comment piéger un loir, ouvrir un hérisson roulé en boule, fabriquer et placer des lacets, constituent autant de planches passionnantes, qui restituent des gestes oubliés. Les piégeurs avaient aussi leur langage, leurs proverbes, qui témoignent d'une relation très intime avec l'environnement naturel. L'auteur a pour eux une certaine bienveillance. Sans les encourager, ce qui serait aujourd'hui mal perçu, il relativise bien leur activité, dont l'impact était mesuré et faisait beaucoup moins de ravages que les pelotons de chasseurs d'aujourd'hui, pourtant détenteurs de permis.

Ces hommes là étaient des amoureux de la nature, ils la comprenaient et la respectaient, ne prélevant que ce qui leur était indispensable. « TOPI, TOPI, TOPI ... », est à la fois une leçon de chose et un conte. Il rappelle une époque bénie où nature et traditions étaient intactes. Les braconniers, loin d'être des malfaisants, faisaient partie d'une sorte de caste, d'un univers un peu parallèle. Sans grand risque d'erreur, on peut affirmer que les « bracos » d'aujourd'hui n'ont plus beaucoup de traits communs avec leurs aînés. C'est pourquoi, paradoxalement, cet ouvrage s'adresse beaucoup plus aux véritables chasseurs, ceux qui aiment et comprennent la nature.

F. Fazi


En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies afin d'améliorer votre navigation et de réaliser des statistiques d'audience.

Nous ne partagerons pas et ne vendrons pas d'information vous concernant. Vous ne ferez pas l'objet de publicités ciblées.

En cliquant sur "Gérer les cookies..." vous accepter déjà un cookie qui bloque l'affichage de ce bandeau. Par la suite la gestion des cookies sera toujours accessible tout en bas à gauche de chaque page.

Gérer les cookies...